5 novembre, 6 heure du matin :

Le soldat gris arriva assez vite à la "Taverne", comme les mercenaires aimaient l’appeler. Il chercha du regard ses coéquipiers, et en trouva un. Il était toujours assit a la même place. Le petits gars rouge, Red Smoke qu'il s'appelait, pensa se souvenir MégaSteack. Il l’appelait toujours "L'Alarme", ou encore le "Signale de détresse". Depuis le carnage de la première attaque de parasprites, le soldat avait pris l'habitude de nommer les gens plus par leur fonction que pas leur vrai nom, histoire de ne pas tisser de liens en cas de... Il chassa ces pensées sombre de son esprit, et alla s’asseoir auprès du jeune pégase, qui s'était manifestement endormi. Il régla ce problème en le poussant de son tabouret.

-Salut l’alarme sur ailes, toujours au bar a ce que je vois ! C'est comme ça que tu donne l’alerte ? Et ben ! C'est quoi ça ?, demanda le responsable de la garde de nuit, en tapant du bout de son fusil la chope du pégase rouge.
-Du jus de pomme ? T'est sérieux ? Ouah, tu voudrais pas plutôt boire un truc un peu plus serré ?, reprit-il en riant de bon cœur.

Il commanda un verre a la barmare et indiqua au poney rouge à moitié endormi qui demanda la nature du liquide blanchâtre qu'il s’agissait d'un alcool fort venu de la contrée des zèbres.
Il en bu une gorgée et continua a rire et a discuter d'une voix plus rauque, du a la teneur en alcool du dit "Whisky".
Après une dizaine de minutes, il fût stoppé par un claquement sourd venant de la porte en fer forgé du lieu que lui seul sembla entendre. Il s’apprêta a demander a Red Smoke si il avait perçu quoi que ce soit, mais il s'était déjà rendormis. Il alla donc ouvrir de son propre chef et découvrit avec effroi une jument violette qui semblait manifestement être une licorne, trainant un baluchon sale. Elle était couverte de coupures, égratignures et autres préjudices corporels. Elle ne bougeait plus. Le soldat prit son pouls et lui diagnostiqua une hypothermie. Il hurla une aide qui fut immédiatement apporté a la licorne.

Moins d'un quart d'heure plus tard, elle était allongée sur une table qu'on avait débarrassé en vitesse et recouverte de couvertures. MégaSteack, qui avait préalablement réveillé le pégase rouge, cria pour se faire entendre de tous.

-Bon OK les sacs a vins ! Retournez picoler et foutez lui la paix a cette pauvre petite !

Apparemment, cela suffisa a convaincre la totalité de la salle, étant donné la réputation de bagarreur du chef de sécurité nocturne.
Il réchauffa tant qu'il pu la jument et fut interrompu quand une autre pégase, cette fois hors du système de surveillance de son équipe, presque dernier rempart contre le brouillard et la nuit totale due aux nuages, mais connaissance assez appréciable, entra discrètement dans le bar et tenta de voir ce qui se passait sur la table de soin improvisée. Le pégase gris l'interpela.

-Tiens, Météo, tu tombe bien ! Tu va m'aider toi !, interpela-t-il Winter Cloud.
-Mais que ce qui se-..., commença elle a questionner quand elle se retrouva collée a la blessée a tenir une compresse couverte d'alcool sur une grosse plaie au bras.

Le pégase rouge se chargeait d'éloigner les gens qui tentaient d'en savoir un peu trop a coup de chopes et de tabourets.
Au bout d'une demi-heure, qui ressemblait fort a une éternité pour le médecin improvisé, les plaies commencèrent a se cicatriser, et il emmena la licorne dans une chambre, restant sourd aux protestation du gérant de l’auberge, qui glapissait qu'il serait plus judicieux de l’emmener a l’hôpital.
Juste avant de partir, la jument ouvrit les yeux.

-Je... Je suis...
-Tu est fatiguée, repose toi, tu nous dira ce qu'il s'est passé demain matin., le coupa-elle, avant de refermer la porte lentement.

Il descendit dans un soupir soulagé, et se rassit comme si de rien n'était a sa place, et continua a boire sous le regard effaré des deux autres pégases.

-Ben quoi ?

Winter Clood expira longuement reprenant son souffle après le stress soudain que lui avait imposé le poney gris dès son arrivée et la demi-heure pendant laquelle elle s'était retrouvée à côté de la licorne, en train d'essayer de la soigner alors qu'elle semblait dégager la détresse par chaque pore de sa peau. Malgré la curiosité que lui avaient incité les dernières paroles de la licorne avant de se faire enfermer presque de force dans une chambre, elle avait décidé de s'en tenir à son objectif initial: avoir des informations. Elle se dirigea à la table où MégaSteack avait entreprit de diriger bruyamment une petite chorale d'une demi-douzaine d'autres ponies, chantant une chanson sans doute grivoise dont elle ne chercha pas à retenir les paroles. Elle à côté du pégase rouge qui semblait désespérément en train d'essayer de somnoler. Elle avait une certaine affection pour lui, sans doute car leurs talents se ressemblaient, mais elle lui avait peu parlé, de même qu'à l'autre qui avait entreprit de leur donner de stupides surnoms dès qu'ils avaient été présentés. Sérieusement, "Météo". Certes, les relations sociales n'étaient pas hautes dans son échelle de responsabilité, mais quitte à ne pas utiliser les vrai noms, autant donner des surnoms un peu classe. "Nuage" lui seraient bien allée: proche de son nom, de son talent et donnant un petit effet mystérieux... Mais quand elle le lui avait proposé, il avait remué ses oreilles avec une parfaite indifférence, répondant qu'il "ne voulait pas s'attacher", et qu'un surnom spécifique serait déjà donner trop d'importance. Elle n'avait pas grand chose à y redire, et n'avait donc jamais chercher à approfondir le sujet, mais continuait à discuter avec lui quand c'était nécessaire.
Elle s'installa sur un tabouret vide qui était à côté de la table, et fut contente de pouvoir commencer une conversation par autre chose qu'un "salut" timide et qui avait le don de ne mener à aucune suite.

- Dit, elle venait d'où la licorne violette, là?

- 'Cune idée, répondit t'il d'un voix qui semblait émaner une certaine fatigue

- Ah... Et... elle avait quoi?

- 'Sais pas, lâcha-t-il les paupière un peu tombante.

La pégase s'abstint de continuer. Finalement, la conversation n'avait pas été aussi fertile que dans son espoir. Sans commander quoi que se soit, elle se releva, secouant un peu ses ailes, comme un tic, et alla en direction de l'escalier qui menait aux chambres. Elle n'avait encore jamais vu la licorne et peu étaient ceux qui venaient seuls à Ponyville en ce moment. Ce n'était sans doute pas le fruit du hasard. Une fois devant la porte, inspirant longuement, elle essaya de vaincre son anxiété avant de donner quelques coups timides à la porte.

Un corps. Un corps au milieu des arbres. Un corps qui gisait là, dans ces plantes aux allures maléfique. Et un fantôme qui regardait la petite pouliche entrain de pleurer. Cette maudite forêt lui en voulait et s'en est pris à l'être qui lui était le plus cher au monde. Maintenant, l'esprit troublé s'approchait avec douceur de la licorne en larmes, tandis que le sabot translucide traversait le corps violet de la petite, du sang coulant légèrement de l'endroit où se trouvait le sabot.

Ses yeux rougis par le stress du cauchemars témoignaient sa dure nuit. Maladroitement, la licorne se levait du lit confortable auquel elle se reposait il y a quelques instants. Le plancher craqua sous son poids, tandis que ses sabots la faisaient souffrir et que l'éternelle fatigue matinale s'envolait lentement. Fairy Snake bailla, avant de se regarder dans la glace brisée, constatant son pauvre état. Sa maigreur anormale devait être corrigée, ce qui l'aida à la motiver de se préparer à descendre en plus de la bonne odeur traversant le bois qui servait de sol. D'un coup, une profonde terreur resurgit dans sa mémoire. Celle de ne pas arriver à temps, de découvrir le corps de celle qu'elle aimait, son unique famille. Ses yeux fermés à jamais, son sourire qui ne reviendra pas. Ces atrocités obligèrent ses larmes de couler, de sangloter légèrement. De colère, elle s'apprêtait à frapper le mur qui s'effritait avec ses sabots mais un bruit l'arrêta avant de poser "l'arme" à terre. Lentement, elle s'avançait vers la porte qui cachait un curieux, peut être son sauveur ou sa sauveuse. Avec sa corne, elle ouvrit la porte avec une certaine inquiétude de ne pas savoir quoi dire.

- Hum.. Salut, tenta t-elle maladroitement.

Red Smoke essaya de s’endormir dans un coin mais à chaque fois qu’il y arrivait il se fit réveiller aussitôt par la chorale de Megasteack. Il pensa même que tout cela n’était qu’un complot pour l’empêcher de dormir même la licorne gravement blessée, mais il oublia vite cette idée car il faudrait être complètement fou pour s’infliger autant de dégâts, juste pour maintenir quelqu’un éveillé.

Il pensa à la licorne, même avec les idées confuses à cause de la fatigue, il ne pouvait pas s’empêcher de se demander ce qui avait pu lui arriver. Il se souvint qu’elle était très maigre et se dit qu’elle devait avoir faim, il demanda à la barmare si elle avait quelque chose à manger pour la licorne. Elle alla voir dans la réserve et revint avec un panier remplis de victuailles.

Le pégase pris le panier et entreprit de monter à l’étage pour l’apporter à la licorne. Winter Cloud était monté la voir, il y a 2 minutes et n’était pas encore descendu. Il arriva près de l’escalier et failli de trébucher à chaque marche mais continua à monter tout en espérant ne pas s’endormir subitement, comme cela lui arrivais parfois, quand il est vraiment très fatigué. Il se souvint même de plusieurs fois où il s’était réveillé en plein milieu des couloirs de sa maison ou au pied de ses escaliers.

Quand il arriva en haut des escaliers, il remarqua que la porte de la chambre de la licorne était ouverte. Il entra dans la chambre et vis Winter Cloud qui discutais avec la licorne. Il posa le panier près de la table de nuit et se secoua la tête pour se réveiller.

-Salut, je me suis dit que tu devais avoir faim alors je t’ai apporté de quoi manger, lança-t-il avec une voix fatiguée.

En temps normal, il l’aurait vouvoyé, mais sa fatigue l’emporta sur sa timidité et il s’adressa à la licorne comme si s’était une amie qu’il connaissait depuis longtemps.

-Au fait, je m’appelle Red Smoke, continua-t-il.

5 novembre, 7h30
Haggs observa d'un air songeur la fumée qui s'élevait doucement du café qu'il avait sous les yeux.
Il était attablé, seul, dans la boutique des Cakes. Carrot avait eu beau fermer toutes les portes et fenêtres et même mettre des serviettes sous les portes, on sentait le froid désagréable de l'automne. Haggs but une gorgée du café puis se réchauffa les sabots sur la tasse brûlante. C'était un moyen comme un autre de se réchauffer, même provisoirement. Il se frictionna les ailes, posa l'argent qu'il devait aux Cakes sur la table et sortit après avoir adressé un salut vague aux jumeaux qui s'amusaient dans la salle.
Ca le tuait, tout ça. Comment les Ponyvilliens pouvaient-ils nager ainsi en plein cauchemar éveillé ? Comment Ponyville avait-elle pu devenir un milieu aussi chaotique en si peu de temps ?
Haggs détestait le chaos. Haïssait le bruit. Le silence seul, le calme, c'est ce qu'il recherchait dans un lieu où s'établir. D'ailleurs, c'est ce qu'il avait trouvé à Ponyville : pourquoi se serait-il installé là-bas si ce n'était pas pour y savourer un calme religieux ? Mais bon, les récents changements, personne n'aurait pu s'y attendre : comment prévoir qu'Everfree puisse s'étaler sur...
Il avait déjà ressassé tout ça. Lorsqu'il s'ennuyait, lorsqu'il ne lui arrivait rien, ce qui arrivait souvent ces temps-ci, ses pensées l'entraînaient dans les abysses du désespoir, des pensées si troublantes qu'il en pleurerait, parfois...
Bien sûr, lorsqu'il faisait cours aux rares poulains qui n'avaient pas été recrutés comme gardes, il affichait un visage tour à tour blasé, souriant et enthousiaste. Il plaisantait souvent. Il ne tenait pas à leur montrer sa propre morosité, d'abord parce que déprimer devant ses élèves était un signe de faiblesse qu'il ne tenait pas à afficher, et ensuite et surtout parce qu'ils avaient assez, pour leur jeune âge, vu d'horreurs et subi d'atrocité pour ne pas en plus voir que leur professeur baissait les pattes.
Il secoua la tête en continuant à avancer : ça aussi, il l'avait déjà ressassé. Il se sentait honteux, il se sentait faible, inutile et encombrant. A côté de ses amis, il avait l'impression de passer pour un boulet.
Evidemment, Macon et Killycoop étaient gardes et évidemment, ils s'en sortaient à merveille. Evidemment, ils étaient toujours rivaux et amis et évidemment, leur boulot était un exemple pour chaque citadin. Evidemment.
Mais par contre, Crystal et Malike l'avaient surpris. Les deux jeunes ponettes, qui étaient aussi fragile et sensible l'une que l'autre et qui avaient avant l'Avancée d'Everfree autant d'autonomie que des fillys, n'étaient plus comme avant. Elles s'étaient prises en patte et s'étaient occupées de ceux dont les maisons avaient été "gobées" par la forêt : Malike les accueillait dans sa petite maison qui hébergeait déjà en temps normal un squat de quatre personnes et Crystal s'occupait d'eux, les soignant et servant tous leurs besoins. Elles étaient débordées mais faisaient tout leur possible. Malike, l'ancienne élève de Haggs, qu'il taquinait avant, était même plus entreprenante et plus utile que lui. Il se sentait minable.
Mais il restait une personne dans leur groupe qui manquait à l'appel : ils n'avaient pas eu de nouvelles d'Undie Butler depuis le début de la catastrophe. Le majordome était peut-être souriant et très sympa, mais il était loin de posséder les moyens de survivre seul dans la nature. Malike était très inquiète à son sujet, malgré les efforts qu'avait fait son oncle pour la rassurer. Pour Haggs, c'était clair : soit Undie avait pu rejoindre une ville ou un lieu où vivre, ou bien il était à l'heure actuelle mort.
Il hésita longuement puis enfin se décida à rentrer dans un bar du quartier. Il savait que c'était là que se réfugiaient les autres gardes, et, même si le bruit lui faisait horreur, il devait bien reconnaître qu'un peu de compagnie nombreuse et tapageuse lui ferait du bien.
Il poussa la porte de l'aile, et se rendit compte qu'il arrivait au milieu des coups retentissants d'une bagarre....

Mais qu'est-ce que...