Je reviens de ma lecture de ton OS, nathelink. Et je dois t'avouer que j'ai un peu levé le sourcil en voyant les tags [Sombre] et [Comédie] sur une fiction qui ne fait à elle seule que cinq pages au plus. Et mes craintes se sont avérées fondées.
Le tag [Sombre] ne doit pas être mis simplement parce que tu "évoques" des actions sombres mais parce que tu le fais ressentir au lecteur. Un poney se suicide et l'on secoue cela d'un revers d'épaule, apportant une touche de cynisme commun, c'est classique mais cela ne rend pas la chose sombre, cela met en relief ton univers, certes je le conçois. Mais le personnage n'en a cure et par extension, tu ne cherches pas d'impact. Il est assez triste de le dire mais des lecteurs adultes (surtout habituées à des univers impitoyables. Dallas, toussa toussa) ne seront pas surpris par l'artifice "Oh mon dieu quelle audace de parler de la mort dans un monde de poneys Technicolor !". Cependant, tu parles ici des funérailles et de comment chacun gère la mort mais le lecteur ne ressent rien parce que tu n'appuies pas suffisamment sur le ressenti du personnage, ou alors de façon bien trop superficielle. L'insomnie et l'alcoolisme suivie de la débauche est un schéma récurrent et j'aimerais même dire "cliché" et je n'ai rien contre ça à conditions que tu y apportes quelque chose. Laisse moi clarifier :
Beatcore est malheureux de la mort de sa mère. D'accord. Quel était sa relation avec sa mère ? A-t-il des mémoires heureuses d'elle, est-ce qu'elle lui a permis d'être ce qu'il est aujourd'hui ? On ne sait rien de Beatcore (le fait qu'il soit dans la marine a été jeté comme une chaussette sale au milieu du texte et tu ne l'exploites pas plus que ça, tu aurais pu me dire sur le même ton qu'il avait un pingouin de compagnie, je ne pense pas que je l'aurai retenu sans relire ton texte) et encore moins de sa mère et je vais être direct "Pourquoi devrais-je me sentir concerné par la mort de la mère d'un poney dont je ne connais quasiment rien et dont la seule action pendant tout l'OS sera de niquer avec une prostituée ?". Beatcore est plat dans cet OS, il ne fait rien de vraiment caractéristique, de marquant. Pour avoir écrit un texte assez long sur l'impact de la mort entre autre chose, je peux te dire que la première étape du ressenti pour un personnage, c'est de lui donner corps, de lui donner vie, il faut qu'il soit plus qu'un poney qui agit dans un texte mais un personnage avec des pensées et des actions qui reflètent son caractère et cela prend du temps. Ton texte est honorable mais il est trop court pour que tu puisses émouvoir.
Pour ce qui est de la comédie, je pense que c'est un mauvais choix de terme. Ou alors une pauvre exécution. Le but premier de la comédie est de faire sourire voire rire son public et en cela, ce fut raté. Et ton explication du post précédent ne tient pas la route et ce pour une raison simple, la comédie est affaire de timing. Un lieu, un moment, une opportunité. Apporter un twist (assez prévisible mais je ne pense pas que tu essayais vraiment de surprendre) comme le tien et attendre un sourire ou un rire et tu attends trop de ton lectorat. Où est le début de cocasserie dans la situation de Beatcore ? Il apprend que sa cousine est une catin, qu'il lui a présenté ses hommages avec la profondeur de son genre et tout cela devant le corps défunt de sa mère. Il n'y a là aucune source d'amusement, ne serait-ce qu'un humour acide et cynique.
Pour ce qui est des dialogues, la succession sans saut de ligne est un choix que je n'apprécie pas, je ne me suis pas senti perdu mais cela donne une dynamique et un visuel assez disgracieux. Si les dialogues se démarquent généralement des phases de description, c'est pour une raison simple. Un dialogue est une chose à laquelle on fera attention parce que la parole exprime une pléthore d'informations comme le registre de langue qui est révélateur d'un milieu social, le ton qui est révélateur d'une personnalité, le débit qui est révélateur d'une émotion. Ensuite, ce qui se dit montre également les relations entre les personnages, comment ils interagissent entre eux, etc. En décidant de ne pas les distinguer, tu donnes l'impression aux lecteurs qu'ils n'ont pas à s'inquiéter plus que ça du contenu des dialogues et c'est contre-productif dans une oeuvre [Sombre] où le ressenti du personnage sera plus facilement transmis par les mots, les pensées que par des descriptions longues et parfois lourdes.
Mais voilà pour les détails techniques. Passant maintenant à la consistance du scénario, c'est-à-dire sa logique interne. Donc pour commencer léger, je trouve que ta version de Canterlot possèdent un nombre assez impressionnant de terrestres. Je sais que Canterlot en possède, ce n'est pas le soucis mais il me semble évident que ce sont les licornes qui peuplent majoritairement les rues, comme les pégases à Cloudsdale (bon, y'a une restriction physique pour ce lieu mais le soucis reste le même).Je veux dire qu'en même pas dix paragraphes, BeatCore parle de trois terrestres différents dans la ville de Canterlot : le suicidaire, la tenancière du Café et la tenancière de la maison close. Et une seule licorne en la personne de la prostituée. C'est une petite critique sans réelle importance mais je trouve quand même intéressant de le noter. Ensuite, je trouve que ton emploi de la maison close est bizarre. Je m'explique. Si tu as déjà vu des maisons closes ou des hôtels de passe, tu auras noté qu'il ne s'agit pas d'hôtel au sens strict du terme, ce qui implique que, non, une personne seule ne peut pas louer une chambre. De plus, tu n'entres pas dans une maison close sans que l'on te propose une fille. Une maison close =/= hôtel de passe. Un hôtel de passe est un hôtel généralement peu cher où l'on peut loué sur le tas pour une nuit pour le seul plaisir de la chair, certains ont même des salles à thème. Une maison close est un lieu où se regroupe les prostitués pour vendre leurs services et il me parait hautement improbable qu'à cette heure de la nuit, aucune prostituée ne soit à l'intérieur pour offrir ses services. D'ailleurs le fait que Madame Carmen ne lui fasse aucune proposition ou déclaration permettant de croire qu'elle est commerçante montre que tu as vraiment mélangé les deux concepts.
Ensuite, je sais que Madame Carmen est gentille mais une prostituée d'une maison close (restons dans le thème) n'est pas le genre à "casser de la vaisselle" dans l'établissement de sa patronne. De plus, mais là c'est plus personnel, je trouve que la demoiselle manque de professionnalisme si elle se laisse sauter avant même d'arriver à la chambre. Mais bon, sex is hot. Par contre, je ne suis pas certain de comprendre une partie de ton oeuvre, et c'est à cause de tes dialogues successifs sans marquage réelle du locuteur, mais BeatCore a une marque de beauté en forme de phallus... Je... Je suppose que ce devait être drôle mais ça m'a perturbé. Un poney, commandant dans la Marine, a une marque de beauté en forme de pénis ? Pourquoi ? Sa destinée c'est de tirer ? Je pense vraiment que c'est un choix discutable même pour l'humour. Ce n'est pas justifié par son métier, ça n'a pas de pertinence dans la continuité de l'OS et pire ça crée un tas de questions inutiles. Mais j'ai peut-être mal compris le passage, et c'est ce que j'espère.
Enfin, je trouve vraiment inutile le fait que tu es dit que Beatcore avait déjà couché avec la prostituée auparavant. Pour moi, ça vient briser le grand final pour la simple et bonne raison qu'il a déjà commis l'inceste auparavant et que par le pouvoir du scénario pratique, pas une fois cette information ne saura réutilisé. Nathe, quand tu donnes une info, utilise-la à profit, sinon on se demande juste ce qu'elle fout là.
Le seul passage vraiment intéressant est le monologue intérieur de Beatcore à la fin où on a là une véritable exploration du personnage, une inspection de ses valeurs morales, de sa relation avec sa mère mais tu l'as mis à la fin et ça c'est une erreur. Je me suis senti intéressé à la fin et vouloir en savoir plus alors qu'un livre se ferme, cela frustre plus que cela ne satisfait.
Ce sera tout